Saint-Eustache, ou plutôt Statia, est une petite île de 21 km² au nord de l’arc antillais, à 20 minutes d’avion de l’île de Saint-Martin (qui appartient pour moitié à la France et pour moitié aux Pays-Bas). Les plongées sont réputées pour être parmi les plus belles des Antilles, et j’avoue qu’après avoir passé deux semaines sur place, j’aurais assez tendance à partager cette affirmation (je ne peux comparer qu’avec les Saintes, la Dominique et Saba). Grâce au parc marin créé tout autour de l’île depuis 1996, les fonds sont de toute beauté – je pense notamment aux immenses gorgones et au corail noir tout au long de la remontée du site de plongée de Grand Canyon. À 15 minutes maxi en bateau depuis le port, les sites sont d’une extrême diversité, cela va du jardin de corail très poissonneux aux très belles épaves comme le Charles L. Brown (avec son banc de carangues) ou Double Wreck sur lequel j’ai assisté à un mini « sardine run » (un immense banc de bécunes chassées par des barracudas).
Se rendre à Saint-Eustache
On a le choix entre deux compagnies aériennes qui relient Paris à Saint-Martin : Air France (départ de Roissy) ou Air Caraïbes (départ d’Orly). Nous avions choisi Air Caraïbes notamment pour des raisons de budget : 700 € l’aller/retour. À Saint-Martin, le transit est très facile pour prendre le second vol avec la compagnie Winnair qui vous mène à destination (à partir de 113 $ l’aller/retour – nous avons payé 173 $). Il vaut mieux réserver assez longtemps en avance car les avions ont une capacité de 20 passagers. On comprend vite pourquoi en arrivant sur l’île, toute petite : elle ne propose que 80 lits aux touristes, lits répartis entre cinq hôtels.
Se loger à Saint-Eustache
Pour réserver votre hôtel, mieux vaut passer directement par le centre de plongée qui s’occupe de tout et qui vous fait bénéficier de réductions sur les tarifs affichés. Nous avons choisi de plonger avec Scubaqua Dive Center Statia, le principal club de plongée sur l’île. Quand je dis principal, cela ne veut pas dire usine à plongeurs, bien au contraire. Ingrid, Menno, Marieke et Mike se mettent en quatre pour proposer un service personnalisé et vous faire passer des vacances de rêve dans une très bonne ambiance.
Ils nous ont conseillé le Statia Lodge, situé légèrement à l’extérieur de la ville d’Oranjestad (compter 10 à 15 minutes de trajet jusqu’au club de plongée avec le véhicule mis à disposition avec chaque bungalow (un scooter avec les bungalows pour 2 personnes et une voiture ou 2 scooters pour les bungalows pour 4 personnes). Le Statia Lodge est une petite structure de neuf bungalows en bois avec un pool house dans lequel on prend le petit déjeuner tous les matins (sauf le dimanche) et une très belle piscine qui surplombe la mer des Caraïbes :
Chaque bungalow dispose d’une salle de bains avec douche et WC, d’un ventilateur, de moustiquaires sur chaque lit (important !) et d’une terrasse avec une kitchenette pour pouvoir se faire à manger si on en a marre de manger des hamburgers ou des plats chinois (je vous parlerai des restaus un peu plus loin). Voilà, c’est tout simple (le seul service hôtelier consiste au nettoyage quotidien des chambres, sauf le dimanche) mais plein de charme.
Pour info : 1575 $ la location d’un bungalow pour 4 personnes pour 1 semaine, 1160 $ la location d’un bungalow pour 2 personnes (tarifs en passant par le club de plongée), petit déj’ et location de véhicule inclus.
Le club de plongée : Scubaqua Dive Center
C’est Ingrid qui a géré l’organisation de notre séjour sur place, depuis l’accueil à l’aéroport le premier jour jusqu’au retour à l’aéroport le dernier jour, en passant par les transferts (15 minutes, l’île est vraiment petite, mais l’état des routes ne permet de rouler qu’à un rythme « caribéen »), l’organisation des plongées et même la réalisation d’une brioche tressée pour notre premier petit déjeuner (vu qu’on arrivait le samedi soir et qu’il n’y avait pas de petit déj’ à l’hôtel le dimanche matin).
Deux plongées sont organisées chaque jour, une le matin à 9h00 et une l’après-midi à 14h00 (+ une éventuelle plongée de nuit). Le club dispose de deux bateaux bien adaptés pour la plongée, pouvant transporter une douzaine de plongeurs.
À noter : les temps de plongée ne sont pas limités (dans la limite de non-décompression), c’est uniquement quand vous arrivez à 50 bars qu’il faut remonter sur le bateau.
Les palanquées sont limitées à 6 plongeurs pour 1 guide, mais il arrive souvent que l’on soit moins nombreux (je me rappellerai toujours d’une plongée à 3 avec Ingrid sur l’une des plus grandes épaves des Caraïbes, l’ancien câblier Charles Brown qui fait 100 mètres de long !). Toutes les plongées sont guidées (obligation du parc marin, sans compter qu’il n’est pas forcément évident de se repérer sur les sites, à part les épaves).
Pour info : 420 $ le pack de 10 plongées.
Les plongées à Statia
Tombants, jardins et récifs coralliens, épaves… Statia est appelée la « perle des Caraïbes ». Le Parc marin de Statia, actif depuis 1997, protège les 35 sites de plongées (une taxe permet notamment de financer la mise en place et l’entretien de bouées sur chacun des sites, évitant au bateau de jeter l’ancre).
Chaque plongée permet de lever une partie du voile recouvrant l’histoire de l’île : Saint-Eustache a été »découverte par Christophe Colomb en 1493. Après avoir changé de mains plusieurs fois pendant plus de trois siècles, l’île est devenue, et est restée, un territoire néerlandais officiel depuis 1816. Sous l’eau, les épaves et les ancres présentes sur de nombreux sites de plongée témoignent de la prospérité de l’île au XVIIIe siècle. Mais la plus belle histoire est celle des perles bleues (blue bead), la monnaie locale de Statia au XVIIe siècle. La célèbre Compagnie néerlandaise des industries occidentales utilisait ces perles pour échanger du tabac, du coton, du rhum… et des esclaves. Même s’il y en a de moins en moins, les perles réapparaissent régulièrement lors des tempêtes qui remuent le sable.
– Anchor Point (19 mètres) : belle plongée de réadaptation sur ce jardin de corail. Langoustes, murène, mérous, rascasse volante, marionnettes à bande bleue et le fameux chevalier ponctué juvénile (photo ci-dessous), emblème de l’île. Sans oublier l’ancre de miséricorde qui a donné son nom à ce site, une grosse ancre de secours qu’utilisaient les vaisseaux en dernier recours.
– Epave du Chien Tong, un chalutier taïwanais (24 mètres) : les épaves sont des abris pour de nombreuses espèces. Ici, tortues (dont une en train de se gratter consciencieusement la carapace sur une tôle), langoustes, rascasse, carangues et autres poissons lime s’en donnent à cœur joie. Tout autour sur le fond sableux, c’est le règne des anguilles jardinières et des raies pastenagues.
– Double wreck (18 mètres) : l’une des plongées mythiques de Statia. Les balastes de deux navires du XVIIIe sont petit à petit colonisés pas le corail et les poissons. On voit également les ancres de ces bateaux, dont l’une qui se détache sur le sable (on se demande comment elle tient). Sur ce site, les immenses raies pastenagues se laissent approcher de très près sans bouger (je n’ai jamais vu ça ailleurs – photos ci-dessous), et j’ai assisté à un fabuleux moment, la chasse du banc de bécunes par des barracudas dont je vous ai déjà parlé plus haut.
C’est également sur double wreck que j’ai fait une très belle plongée de nuit, avec des langoustes, des cigales, des crabes, une sole, des crabes éponge, des murènes en train de chasser un diodon, une raie et des petits calmars en pleine eau.
– L’épave du Charles L. Brown (30 mètres) : autre plongée mythique sur cet ancien câblier, également l’une des plus grandes épaves des Caraïbes. Coulée en 2003, l’épave est déjà très bien concrétionnée notamment avec du corail noir. Et tout autour de l’épave, un grand banc de carangues se laisse plus ou moins approcher selon le courant.
– Grand Canyon (45 mètres) : très belle plongée au cours de laquelle on « plonge » littéralement dans un canyon étroit (on y passe les uns derrière les autres) jusqu’à arriver à 45 mètres (une corde « barre » le canyon d’un bout à l’autre à cette profondeur). Là, on se retourne et la vue en contre-plongée est fabuleuse. Mais lors de ma première plongée sur ce site, je n’ai pas trop eu le temps d’en profiter car c’est en-dessous qu’il fallait regarder (merci Béa !) : un grand requin-nourrice arrivait pour se poser au fond du canyon. Je n’ai pas pu résister, et j’ai vécu un beau face-à-face avec ce requin.
– Drop off (41 mètres) : une autre plongée profonde de Saint-Eustache. Après une descente dans des canyons, nous avons croisé une raie-aigle sur le récif ainsi que quelques carangues.
– Barracuda’s reef (20 mètres) : très belle plongée au cours de laquelle, outre plusieurs barracudas (d’où le nom), nous avons croisé plusieurs grands bancs de poissons, deux requins-nourrice ainsi qu’une tortue…
– Blue Bead (17 mètres) : je ne pouvais pas passer sous silence la plongée symbole de Statia, une plongée à la sortie du port qui se déroule sur un fond de sable noir. Selon la légende que nous a raconté Ingrid, ce n’est pas les plongeurs qui trouvent les perles bleues, mais les perles qui vous trouvent… et si vous avez la chance d’être « trouvé », vous reviendrez à Saint-Eustache encore et encore (il faut savoir que les blue beads sont les seuls objets qui sont autorisés à quitter l’île). À défaut de trouver une perle, j’ai croisé sur le sable un couple de grondins volants ainsi que des blennies serpentine ocellées… et cela ne m’a pas empêché de revenir quelques années après sur l’île 😉
Quelques autres rencontres sous-marines au cours des 22 plongées effectuées sur place :
Et après la plongée ?
Il faut le dire, il n’y a pas grand-chose à faire sur l’île, ce qui n’est pas forcément un souci quand on veut vivre au rythme des Caraïbes… Il est quand même possible de se balader sur les quelques « routes » en scooter (cheveux au vent, car le casque n’est pas encore obligatoire là-bas), d’aller jusqu’à la plage côté Atlantique ou de faire une randonnée sur les pentes du volcan définitivement endormi.
Côté repas, ne vous attendez pas à déguster fruits tropicaux et plats créoles, les restaurants se répartissent en deux camps : les « américains » (salades, hamburgers) et les chinois. Le Old Gin House – avec une très belle terrasse en bord de mer – organise le mercredi soir un barbecue de langoustes pour les amateurs.
En début de soirée, un passage au Cool Corner Bar & Restaurant s’impose, c’est là que se croisent les habitants de l’île et les touristes. Après avoir admiré les maisons traditionnelles dans les rues d’Oranjestad (photos ci-dessous), pénétrez dans l’enceinte du fort (qui abrite également l’office de tourisme) et admirez la vue sur la mer des Caraïbes, les plages et, au loin, l’île de Saba où j’avais déjà plongé (une bonne idée consiste d’ailleurs à coupler les deux îles pour optimiser le voyage : 5 à 10 jours sur l’une et 5 à 10 jours sur l’autre – il faut cependant obligatoirement transiter par Saint-Martin car il n’y a pas de liaison directe entre les deux îles, hélas).
Plus d’informations sur l’île sur le site de l’office de tourisme de Saint-Eustache.