Je me souviendrai longtemps de notre voyage de plongée au Cap-Vert, certes pour les superbes plongées que l’on y réaliser, mais aussi pour le voyage rocambolesque que nous avons fait pour rejoindre l’île la plus occidentale de l’archipel, Santo Antão. Depuis la France, il faut obligatoirement transiter par Lisbonne (une bonne occasion d’y faire un stop de 2-3 jours avant ou après votre séjour au Cap-Vert). Après une nuit dans la capitale du Portugal, nous avons donc embarqué sur un vol de la TAP (la compagnie aérienne portugaise), direction São Vicente, où se situe l’aéroport (il n’y a pas d’aéroport sur l’île de Santo Antão, ce qui contribue certainement à en faire une destination hors des sentiers touristiques).
Un voyage mouvementé
Lorsque l’avion a commencé à descendre, nous avons été ébahis, avec tous les autres passagers, par l’annonce du commandant de bord, nous indiquant qu’en raison d’une tempête de sable dans le Sahara, la piste de São Vicente était impraticable, et que nous allions donc atterrir sur… l’île de Santiago, à 250 km plus au sud ! Sur le tarmac, nous avons eu le choix entre deux solutions : débarquer et nous débrouiller, ou rester dans l’avion pour redécoller… retour Lisbonne !!! C’est cette deuxième option que nous avons retenue (en relation directe avec notre correspondante chez Ultramarina qui avait organisé le voyage et qui a été très réactive pour gérer les conséquences de cet « incident » à distance), résultat nous avons passé une journée complète dans l’avion…
De Lisbonne à Santo Antão
Nous en avons profité pour découvrir Lisbonne (aux frais de la TAP !), c’est une ville magnifique qui se découvre facilement à pied et bien entendu en tramway.
Deux jours après la date prévue pour nos plongées au Cap-Vert, notre second vol a enfin pu atterrir à São Vicente sous un beau soleil. Depuis l’aéroport international de Cesária-Évora, un taxi nous a emmenés au port de Mindelo où nous avons embarqué sur le ferry reliant l’île de Santo Antão (la traversée dure environ une heure). Le centre de plongée nous attendait pour un dernier transfert jusqu’à l’hôtel Santantao Art Resort (l’embarcadère est situé à 2 km de l’hôtel, faisable à pied mais pas avec nos bagages de plongeurs).
L’hôtel Santantao Art Resort à Porto Novo
C’est l’unique hôtel de Porto Novo, seule ville sur la côte sud-est de l’île. Pour dormir il y a également des maisons d’hôtes mais pour plonger le Santantao Art Resort est l’adresse la plus pratique car le centre de plongée, anciennement Blue Eden mais qui s’appelle désormais le Green turtle Diving Center, est situé directement dans l’enceinte de l’hôtel.
L’hôtel compte 70 chambres. Si vous y séjournez, demandez une chambre côté piscine et jardin, car même si l’hôtel est situé au calme un peu en dehors de la ville, les soirs de match de foot les chambres côté « ville » profitent de l’ambiance survoltée régnant dans le stade qui n’est pas très loin.
Le restaurant de l’hôtel est très bien, mais quand même plus cher (et avec un service très lent) que les petits restaus alentours facilement accessibles à pied (et pour seulement 5 à 10 € le repas par personne). Je vous recommande notamment le Sabores Ratatui. Si vous avez un véhicule (voir avec le centre de plongée pour y aller à plusieurs), testez le restaurant Babilonia perdu au milieu de nulle part mais qui offre une cuisine locale délicieuse à base de produits bio cultivés sur place dans un cadre verdoyant.
Le centre de plongée Green turtle
Super accueil de la petite équipe de ce centre de plongée au Cap-Vert. C’est aujourd’hui Ricardo qui a repris la gestion du centre, il est présent à Santo Antão depuis plusieurs années et connaît parfaitement tous les sites de plongée. Le centre offre tous les services nécessaires pour une destination « isolée » : location de matériel, formations, transferts jusqu’au port pour embarquer sur l’un des semi-rigides du club, matériel rincé et rangé par l’équipe après chaque sortie… Les plongées se font en petits groupes, la plupart du temps nous avons fait deux plongées successives par sortie (ce qui permet d’avoir ensuite la demi-journée restante pour visiter, se reposer ou classer ses photos), sauf pour les sites les plus au nord pour lesquels on part pour la journée avec un repas inclus. Il est également possible de faire des plongées de nuit sur demande, notamment directement dans le port de Porto Novo, je vous en reparle après…
Les plongées à Santo Antão
Cela fait des années que des clubs de plongée au Cap-Vert sont installés sur les îles de Sal ou de São Vicente, mais Santo Antão reste encore une destination confidentielle de l’archipel. Il faut dire que n’ayant pas d’aéroport, elle reste préservée du tourisme de masse. L’île, qui mesure à peine 43 km sur sa plus grande longueur et 24 km sur sa plus grande largeur, est surtout réputée pour ses randonnées (les paysages sont à couper le souffle et rappellent le centre de l’île de la Réunion). Il suffit de connaître son origine volcanique et de voir sa position sur une carte pour se dire qu’elle doit offrir de belles immersions. Santo Antão est en effet l’île du Cap-Vert la plus à l’ouest au large de l’Afrique. Au carrefour des principaux courants océaniques atlantiques, elle constitue un point de rencontre pour de nombreuses espèces originaires de la côte africaine, de l’Amérique et de la Méditerranée. Certains vont même jusqu’à l’appeler la petite Galápagos de l’Atlantique !
Découvrez les plongées à Santo Antão en vidéo !
Plongée au Cap-Vert : une biodiversité et un relief impressionnants
Il faut dire que le spectacle est permanent, avec des grands bancs de poissons présents à chaque plongée : chirurgiens chas-chas (Acanthurus monroviae), mombins (Myripristis jacobus), poissons-trompettes de différentes couleurs (Aulostomus strigosus) ou encore grondeurs bouche d’or (Parapristipoma humile), l’une des nombreuses espèces endémiques de l’archipel. Dans les anfractuosités les murènes cohabitent avec les langoustes. Nous avons croisé également de belles raies pastenagues ainsi que des requins-nourrices se reposant sous les surplombs rocheux ou au fond d’une grotte.
Toutes ces espèces évoluent au cœur d’un relief sous-marin façonné par des milliers d’années de volcanisme : tombants, grottes, arches, failles et éboulis rocheux sont autant de terrains de jeux destinés à tous les niveaux de plongeurs, depuis les débutants (un tiers des sites ne dépassent pas 15 mètres) jusqu’aux plongeurs confirmés. Le tout sur fond de corail tubastré doré (Tubastrea aurea) ou de roches tapissées d’anémones de Macaronésie, autant vous dire que nos appareils photo n’ont pas chômé (j’ai eu beaucoup de mal à sélectionner les images accompagnant cet article).
Les tortues omniprésentes
Ce n’est pas pour rien si le centre de plongée a décidé de s’appeler Green Turtle Diving Center. L’archipel est en effet fréquenté par cinq espèces de tortues (olivâtre, luth, imbriquée, verte et caouanne) et il est le troisième pays au monde qui accueille le plus de tortues caouanne (Caretta caretta) pour la nidification. Rares sont les plongées où l’on ne croise pas au moins une tortue.
Les plongées de Santo Antão à ne pas manquer
– Wish you were here : un des spots de plongée au Cap-Vert les plus emblématiques de Santo Antão. Par 20 mètres de profondeur, le récif posé sur un fond de sable blanc présente quasiment toute la vie marine du Cap-Vert, avec des raies pastenagues, des langoustes, des tortues… Bonus quand il y a du courant, les grands bancs de poissons qui habillent littéralement les rochers.
– Atlantis Palace : superbe caverne à la pointe nord-est de l’île. Il faut faire attention à son palmage car on est sur un fond de sable. Le plafond de la caverne est couvert de polypes de corail jaune, et de grands bancs de poissons naviguent entre l’entrée principale de la grotte (à 20 mètres de profondeur) et les ouvertures situées dans le fond. Nous y avons croisé des raies et des requins-nourrices.
– Hanging Garden : on se laisse glisser le long d’un tombant jusqu’à une trentaine de mètres, avant de remonter doucement en admirant le splendide jardin de gorgones et de corail noir (qui apparaît blanc – cf photo) qui habille le tombant. Gardez un œil sur le bleu, on ne sait jamais…
– Plongée de nuit dans le port – Find Wally : l’une des plus surprenantes plongées de nuit que j’ai pu faire. J’avoue avoir été assez sceptique lorsque António et Ricardo nous ont proposé cette muck-dive dans 8 à 10 mètres d’eau, là où en journée défilent des dizaines de ferrys et autres bateaux de pêche… Mais bien nous a pris de leur faire confiance ! Entre les sacs en plastique et autres déchets, nous avons pu observer de grandes pagures, des soles, des homards rouges des Antilles, des murènes, des pieuvres, des perroquets endormis, un grondin volant (Dactylopterus volitans) ainsi qu’une immense raie pastenague qui s’est enfui dans un nuage de poussière lors de notre arrivée. Mais l’espère la plus fréquente sur ce site est le poisson-crapaud du Sénégal (Fowlerichthys senegalensis). Cet as du camouflage (il change de couleur selon son environnement) s’observe aussi régulièrement lors des plongées de jour. Une plongée au Cap-Vert à ne pas manquer !
Conseils pour préparer votre voyage plongée au Cap-Vert
=> Meilleure période pour s’y rendre : de mars à novembre. Nous y étions en novembre, et l’eau était à 25-26°C.
=> Décalage horaire : – 3 heures en été, – 2 heures en hiver.
=> Budget : Ultramarina propose des séjours de 7 nuits sur place à partir de 1400 € comprenant les vols Paris – Sao Vicente A/R (avec la compagnie Tap Portugal), les transferts, l’hébergement en chambre double au Santantao Art Resort (en formule petit déjeuner) et un forfait de 10 plongées.
=> Pour découvrir l’île : deux solutions. Soit prendre un guide avec qui vous organiserez un circuit (l’avantage c’est que vous pourrez échanger avec un habitant qui connaît parfaitement son pays), soit louer un véhicule pour vous balader en toute autonomie. Office de tourisme du Cap-Vert.
=> Pour les photographes : prévoir un grand angle pour les plongées sur tombants et dans la grotte d’Atlantis Palace, un zoom polyvalent pour les portraits de poissons (requins-nourrices, tortues) et un objectif macro pour les nudibranches.