Notre dernière halte dans les Tuamotu, sur l’atoll de Fakarava, restera pour moi l’apothéose de ce premier voyage en Polynésie française. On nous avait conseillé de ne pas manquer la passe sud de Tumakohua, et nous n’avons vraiment pas regretté de rester cinq nuits sur place (du coup, nous avons fait l’impasse sur la passe nord Garuae, ce sera pour une prochaine fois).
L’atoll de Fakarava
De forme rectangulaire (60 km de long sur 25 km de large), Fakarava comporte deux villages principaux, Rotoava, au nord-est où se trouve l’aéroport et à côté de la plus grande passe Garuae, et Tetamanu, village principal au début des années 1900 et situé au sud de l’atoll au bord de la passe de Tumakohua.
Le trajet pour rejoindre la passe sud est un voyage en lui-même : depuis l’aéroport qui se trouve au nord de l’atoll, nous avons pris un 4×4 pour emprunter – surprise ! – la superbe route goudronnée de 15 kms construite en 2003 pour que Jacques Chirac, alors président de la République, puisse rendre visite à son copain Gaston Flosse, alors président de la Polynésie Française. Au final Chirac n’est pas venu (!) mais grâce à lui on gagne quelques minutes sur le temps de navigation… La route se termine en cul-de-sac, et là, après avoir débarqué les bagages au milieu de nulle part, nous avons embarqué sur la navette de la pension Tetemanu, située directement sur la passe sud à 60 km de l’aéroport. Après deux heures de navigation dans un lagon très agité, nous sommes arrivés à bon port, accueillis par Annabelle, qui gère cette pension du bout du monde.
Tetamanu Village et Tetamanu Sauvage
Nous avions lu beaucoup de choses sur les deux versions de la pension, et comme finalement nous avons testé les deux, voici ce que l’on peut dire sur les avantages et les inconvénients de l’une et de l’autre. Nous avons passé nos trois premières nuits au Tetemanu Village, dans l’un des six bungalows qui donnent directement sur la passe (ce qui constitue le principal plus de ces bungalows au confort simple, mais parfait pour le lieu) et qui sont également situés à quelques pas du club de plongée et de la salle commune où sont servis tous les repas. Les deux dernières nuits, nous avons déménagé sur le motu (îlot en polynésien) voisin, où sont installés cinq autres bungalows au Tetemanu Sauvage (car on y est encore plus isolés). Il faut environ 15 minutes à pied entre les deux motus, mais le chemin est plein de charme et on ressent encore plus cette sensation d’être seuls au bout du monde. 236 € la nuit pour deux personnes en pension complète.
Le centre de plongée Tetemanu diving by Eleuthera
Là, pas de question à se poser pour choisir, il n’y a qu’un seul centre sur place, directement intégré dans la pension, entre les bungalows. Je n’ai jamais vu un club aussi proche de ma chambre (à part sur les bateaux de croisière) ! Le club est en fait une annexe du club Eleuthera situé à Tahiti, qui a repris la gestion du centre début 2012 [mise à jour 2020 : le club n’existe plus]. Le matériel est neuf, et l’organisation bien rodée. Prix d’une plongée : 48 €.
Nous avons été très bien accueillis par Serge, le chef du centre qui, après une plongée avec une palanquée de quatre Américains (nous étions donc sept plongeurs en tout), nous a proposé de plonger en autonomie totale pendant les sept autres plongées de notre séjour sur place ! Le rêve pour tout photographe et camerawoman : on évite les groupes qui dispersent les bancs de poissons, ainsi que les paquets de bulles à droite ou à gauche…
De toute façon, le profil de chaque plongée était strictement identique, avec une mise à l’eau à l’extérieure de la passe, une descente à 30 mètres puis un retour devant la pension, dans un magnifique jardin de corail :
Les plongées dans la passe sud Tumakohua
L’atoll de Fakarava fait partie, avec ses six îles voisines, d’une réserve de biosphère classée par l’Unesco, ce qui témoigne des richesses de son écosystème. Et en effet, nous n’avions pas encore mis une palme à l’eau que nous avions déjà pu observer de nombreux juvéniles de requins pointe noire dans le lagon devant notre bungalow, ainsi que des napoléons et toute la faune aquatique habituelle des récifs coralliens.
Nous avons fait toutes nos plongées en courant rentrant (marée montante), ce que nous avons un peu regretté car nous aurions aimé pouvoir tester au moins une plongée en courant sortant (le spectacle est différent sous l’eau). Enfin bon, ne faisons pas les difficiles, parce qu’après cinq minutes maximum de bateau pour rejoindre le lieu de mise à l’eau, on entre immédiatement dans une autre dimension : impossible de faire une plongée sans voir au moins quatre espèces de requins avec, outre les requins pointe noire et les requins aileron blanc de lagon (Triaenodon obesus), des requins bordés (Carcharhinus limbatus) et surtout, l’un des plus grands bancs de requins gris au monde (Carcharhinus amblyrhynchos), soit plus de trois cents individus qui avancent face au courant [Mise à jour 2018 : ils sont environ 700 suite aux comptages effectués par Laurent Ballesta et ses équipes lors de l’expédition Gombessa 4 en 2017]. C’est le fameux « mur de requins de Fakarava », que nous avons pu progressivement intégrer, jusqu’à se retrouver en plein milieu, avec des requins à droite, à gauche, devant, derrière, dessus, dessous…
À côté, la densité de poissons est tout simplement incroyable, notamment cet immense banc de perches pagaies à l’entrée de la passe :
Nous avons également croisé raies-aigles, bécunes, carangues échevelées, priacanthes, chirurgiens, perroquets, bancs de vivaneaux, fusiliers…
Entre deux plongées…
Depuis la pension Tetamanu, il suffit de prendre des kayaks de mer et de traverser la passe pour rejoindre de magnifiques motus au plages de sable rose :