Les idées reçues ont la vie dure. Quant j’ai échangé avec des plongeurs sur notre envie de terminer notre périple en Polynésie en plongeant à Tahiti, tout le monde a eu l’air très étonné : « vous risquez d’être déçus après Rangiroa et Fakarava. » Et bien non, non seulement nous n’avons pas été déçus, mais nous avons même beaucoup apprécié les trois plongées réalisées autour de la principale île de l’archipel. Sans oublier le point d’orgue du voyage : la fabuleuse rencontre avec une baleine et son baleineau !
Séjourner à Tahiti
Comme sur les autres îles, deux options pour l’hébergement : les hôtels de luxe avec leurs bungalows sur pilotis (le must étant sans conteste l’Intercontinental, dont nous avons testé le restaurant pour terminer le séjour), ou les petites pensions un peu à l’écart de Papeete et des embouteillages. L’agence Etoile Voyage [Mise à jour 2019 : cette agence n’existe plus] nous a proposé le Relais Fenua, une pension située sur la côte ouest de l’île, à l’écart de la route principale et à 5 minutes à pied d’une très belle plage avec vue sur Moorea. Les grandes chambres, qui disposent d’une kitchenette, se répartissent autour de la piscine et de son jardin tropical (à partir de 74 € la nuit pour 2). Mais le principal avantage pour nous plongeurs c’était que nous étions situés sur la même commune que la marina d’où partent la plupart des bateaux de plongée, la marina Taina à Punaauia (les clubs viennent vous chercher et vous ramènent après les plongées).
Le choix du club de plongée à Tahiti
C’est le point sensible du séjour… A vous de voir si vous préférez les grosses structures avec 20 plongeurs sur un gros zodiac ou un centre familial avec un bateau plus petit. Nous avions réservé depuis Paris un package Fakarava-Tahiti avec le club Eleuthera Plongée (le seul présent sur la passe sud de Fakarava), et au cours du voyage on nous a conseillé de plonger avec Fluid… Nous avons donc essayé d’annuler les plongées de Tahiti avec Eleuthera mais ils n’ont rien voulu savoir, la concurrence est rude et on ne lâche pas un client, même pour trois plongées. Bref, nous avons quand même eu l’occasion de faire une sortie baleines avec Fluid, et on ne l’a vraiment pas regretté (lire plus loin…).
La morale de l’histoire, et le conseil que je peux vous donner, c’est de réserver vos plongées dans les petites îles depuis la métropole (notamment à Maupiti – où il n’y a qu’un seul club de plongée – ou à Tikehau), mais de ne pas réserver à Papeete : les réservations se font au jour le jour et il y a toujours de la place, surtout en semaine.
L’organisation des plongées à Tahiti
Selon les clubs, une plongée le matin (départ 8h30) et une l’après-midi (départ 13h30 ou 14h), ou deux plongées sur la demi-journée. Nous avons donc fait nos trois plongées avec Eleuthera, une le samedi après-midi, une le dimanche matin et une le lundi matin. Ils ont été à l’écoute de nos souhaits concernant les sites et nous avons donc pu plonger sur les trois sites les plus réputés de Tahiti (bien entendu il y en a d’autres, mais pour 2-3 jours ce sont les incontournables). Nous avons plongé en autonomes, sans guide.
1) Les deux épaves – 25 mètres
Idéal pour se remettre en douceur des plongées dans les Tuamotu, où nous n’avons pas vu d’épave. Dans le lagon proche de la piste de l’aéroport international de Tahiti-Faa’a, on découvre d’abord la carcasse d’un bimoteur Catalina datant de la Seconde Guerre mondiale, il a été construit pour l’US Navy. Passé ensuite dans le civil, il est accidenté en octobre 1960 suite à un amerrissage dur à Raiatea. Ramené à Tahiti et jugé irréparable, il est déséquipé et sabordé en 1962 dans le lagon de Faa’a.
C’est la première fois que je vois ce genre d’avion sous l’eau, qui sert de cadre idéal pour une séance de photos sous-marines inédites.
Nous quittons l’avion pour rejoindre, en quelques coups de palmes, une goélette qui gît par le fond depuis 1976 entre 10 et 25 mètres de profondeur, couchée sur le flanc le long du récif. Nous arrivons directement sur le gouvernail et l’hélice, à 10 mètres de profondeur. De là, nous distinguons presque l’intégralité de la coque en bois. Des bancs de poissons nous attendent dans le ventre béant de l’épave. En revenant sur le dessus de la coque, une demoiselle qui n’a pas froid aux yeux s’attaque à ma palme, elle doit défendre son territoire. Une petite pause autour de l’hélice et nous remontons après une heure de plongée.
2) La Source – 25 mètres
Le nom de ce site vient du fait qu’une source d’eau douce jaillit au pied de l’un des trois pitons qui composent l’architecture des lieux. Le briefing très précis nous permet de croiser un requin-corail en train de se reposer sur le fond puis, sous l’une des formations coralliennes typiques du site, une nurserie de petits requins-corails. Une tortue nous accompagne à la fin de la plongée.
3) La Vallée blanche – 35 mètres
Depuis la marina Taina, 25 minutes de navigation sont nécessaires pour se rendre sur le site de la Vallée blanche, l’un des plus connus de Tahiti. On nous avait promis de belles rencontres, et en effet une faune aussi variée que dense était au rendez-vous : dès la mise à l’eau nous sommes accueillis par des requins-gris et des pointes noires. Un grand banc de bécunes nous accompagne quelques minutes, puis nous croisons une tortue avant d’admirer deux requins-citrons, hélas trop craintifs pour se laisser prendre en photo. Nous terminons dans un gigantesque banc de carangues, c’est vraiment magique de se glisser entre les poissons !
Rencontre avec les baleines à bosse
Nous avions programmé notre voyage en Polynésie au mois d’octobre, notamment pour avoir l’occasion de rencontrer des baleines (elles arrivent de l’Antarctique en juillet pour mettre bas et repartent début novembre avec leur baleineau). Les principales îles sur lesquelles on peut les apercevoir sont Rurutu, dans l’archipel des Australes (au sud de Tahiti) et l’archipel de la Société : Tahiti, Moorea ou encore Maupiti, où nous avons aperçu un mâle à la sortie de la passe, mâle dont le chant nous a accompagné durant toute notre plongée).
Sur le bateau de Fluid, nous étions huit à partir ce matin-là pour tenter d’observer des baleines à bosse. Il faut généralement s’armer de patience, ou bien avoir de la chance et rejoindre un groupe de bateaux déjà sur le lieu de la rencontre : c’est ce qui nous est arrivé. Une baleine et son baleineau se reposaient dans le lagon, à 200 mètres à peine de la côte. Nous avons reçu l’autorisation de nous mettre à l’eau (en PMT) et nous nous sommes rapproché doucement de cet impressionnant cétacé qui peut atteindre la taille de 16 mètres !
La mère, qui peut faire des apnées d’une vingtaine de minutes, restait sur le fond pendant que son baleineau jouait à la surface et la rejoignait de temps en temps. Les autres bateaux sont repartis et nous sommes restés seuls avec les cétacés. Progressivement, la baleine est remontée pour stationner à 5 mètres de profondeur, et je me souviens d’être restée pendant vingt minutes face à elle à l’observer sans bouger, c’était magique, j’en ai pleuré dans mon masque ! De temps en temps, elle accueillait son petit entre ses nageoires, puis elle le laissait repartir. J’ai ensuite fait quelques apnées pour me retrouver au même niveau que son œil.
Nous sommes ensuite remontés sur le bateau, et avons eu la chance de la voir sauter hors de l’eau, signalant par ce geste à son petit que la récréation était terminée et qu’il fallait partir (photo haut de page). C’est l’un des plus fabuleux moments que nous avons vécu pendant ce voyage. Si nous y retournons un jour, nous essaierons de faire un stop à Rurutu, la « Mecque » de la baleine en Polynésie.
À faire à Tahiti entre deux plongées
Nous avons profité de notre dernier jour en Polynésie avant de reprendre l’avion pour faire le tour de Tahiti en voiture et de pénétrer dans l’île en faisant une petite randonnée à l’intérieur de la forêt tropicale. De nombreux sentiers de randonnée sillonnent l’île, se terminant souvent par de belles cascades.