Ça y est, j’ai réalisé mon rêve d’aller plonger à Cocos, cette île perdu dans l’océan Pacifique à 36 heures de bateau de Puntarenas, sur la côte ouest du Costa Rica.
Nous étions au Costa Rica depuis trois jours lorsque nous avons rejoint en début de journée le groupe de plongeurs arrivés de France. Les bagages des 18 participants à la croisière chargés dans le bus, nous prenons la direction du petit port de Puntarenas sur la côte Pacifique (il faut compter 2h30 de route). C’est là que nous attend le MV Sea Hunter, le bateau sur lequel nous allons passer les deux semaines à venir. Nous avons tout l’après-midi, puis une trentaine d’heures de navigation, pour découvrir le bateau dans ses moindres détail, préparer notre matériel et faire connaissance avec les autres plongeurs.
Visite du MV Sea Hunter, un bateau conçu par des plongeurs pour des plongeurs
Très confortable et entièrement climatisé, particulièrement stable et robuste (c’est un ancien navire d’assistance à la plongée avec une machinerie puissante), le Sea Hunter fait partie de la flotte du groupe Undersea Hunter, spécialisé dans les croisières plongées pour Cocos. 35 mètres de long, 8 mètres de large, 36 blocs de 12l alu, nitrox : le bateau est parfaitement conçu pour la plongée. Sur l’arrière du pont principal, une grande plateforme accueille les plongeurs avant et après les plongées : parfaitement aménagée, elle comprend une douche chaude ainsi que des coffres individuels et cintres pour entreposer le matériel et les combinaisons. Les photographes ne sont pas oubliés, avec des casiers, soufflettes et chargeurs de batteries (220v) pour stocker et recharger le matériel photo. Sur ce même pont, il y a un grand salon avec TV et Vidéo, une salle à manger et une petite salle pour l’informatique et la bibliothèque.
L’avant du pont principal comprend la cuisine, la salle à manger (nous avons super bien mangé pendant les 12 jours passés sur le bateau
Sur le pont supérieur on trouve des chaises et transats pour se détendre entre deux plongées.
Situées sur le pont inférieur, les huit cabines permettant d’accueillir 18 plongeurs (6 doubles et 2 triples, chacune avec douche et toilettes privées) sont très confortables, les draps et serviettes sont régulièrement changés, et j’y ai super bien dormi. [Mise à jour 2019 : le bateau compte désormais 8 cabines doubles sur le pont inférieur, et 2 « suites » sur le pont supérieur (soit une capacité de 20 plongeurs).]
Cocos, « l’île aux trésors »
C’est en se réveillant après la deuxième nuit passée à bord que nous découvrons Cocos, île mythique s’il en est : fréquentée par les pirates et flibustiers, elle porte le surnom d’ « île aux Trésors »… Elle aurait d’ailleurs (peut-être) inspiré Robert Louis Stevenson ou encore Steven Spielberg pour le film Jurassic Park… Seule île du Pacifique tropical oriental tapissée d’une forêt tropicale humide (contrairement aux îles Galapagos en Equateur, à l’île de Malpelo en Colombie, aux îles de l’archipel des Revillagigedo au Mexique et à l’île de Clipperton appartenant à la France), elle est le point le plus élevé de la chaîne volcanique sous-marine des Cocos, et son point culminant – le Cerro Iglesias – atteint 575 mètres d’altitude. Elle abrite plus de 2 600 espèces de flore et de faune, dont plus de 1 600 sont marines. Ce trésor naturel est la plus grande aire marine protégée du Costa Rica, et c’est la plus grande île inhabitée du monde.
Organisation des plongées à Cocos
La première journée commence en assistant à la mise à l’eau des deux annexes de plongée (qui restent à l’eau toute la durée de la croisière), chacune équipée de 2 moteurs de 90 et 110 CV et qui peuvent accueillir 9 plongeurs et le guide. Les bouteilles de 12 litres air ou Nitrox (15 litres sur demande avec supplément) restent équipées avec les plombs sur ces annexes pendant tout le séjour, ce qui évite beaucoup de manutention et permet de remonter léger sur le bateau. Tandis que le Sea Hunter reste ancré dans une baie abritée, les annexes permettent de rejoindre les sites de plongée rapidement et assurent la sécurité de surface (nous étions tous équipés d’une balise Argos par ailleurs).
Bon, je passe sur la météo subie pendant quasiment tout le temps passé à Cocos (très humide…), ici le spectacle est sous l’eau (et mouillés pour mouillés…) : je n’ai jamais vu des fonds aussi poissonneux ! À chaque plongée, on évolue parmi des bancs de milliers de poissons (carangues, lutjans, vivaneaux…), de grandes raies marbrées, des dizaines de requins corail (Triaenodon obesus, à ne pas confondre avec les requins pointes blanches de récif) et, bien entendu, le fameux requin-marteau halicorne, que l’on est censé croiser en grands bancs, mais autant vous le dire toute de suite, cela n’a pas été le cas en ce mois de novembre pluvieux : certes, nous en avons rencontré quasiment à chaque plongée, mais le plus grand groupe comportait à peine une dizaine d’individus. Pour les amateurs, sachez que la meilleure période pour observer les grands bancs de requins-marteaux à Cocos se situe de juin à août.
J’ai effectué entre deux et quatre plongées par jour dans une eau à 26°C en surface (mais passant à 21°C entre 15 et 20 mètres de profondeur, la semi-étanche était parfaite pour ces températures), à des profondeurs allant de 16 à 37 mètres. Certains ont pu réaliser une plongée beaucoup plus profonde, profitant de la présence du DeepSee, un sous-marin de poche capable de transporter un pilote et deux passagers jusqu’à une profondeur de 450 mètres ! (1800 $/personne pour une plongée à 300 mètres).
Les principaux sites de plongée
– Manuelita Garden : ce site bien protégé du courant ou de la houle est idéal pour une première plongée… ainsi que pour les plongées de nuit dont l’impressionnante plongée au cours de laquelle on assiste aux chasses des requins-corail (nous avons effectué deux fois cette plongée de nuit, et je vous recommande de faire les deux car à la première on est impressionné et on ne sait pas forcément comment se positionner par rapport aux requins pour les filmer ou les prendre en photo). Les requins-corail sont des dizaines à arpenter le récif pour débusquer leurs proies qui tentent de leur échapper en se cachant entre les rochers (mais à dire vrai on ne peut pas dire que les requins-corail soient de grands chasseurs, de nombreux poissons leur ont échappé alors qu’ils étaient très proches et à découvert). C’est au cours de cette plongée de nuit que j’ai entr’aperçu un grand requin-tigre en levant la tête, il a dû être attiré par la lueur des phares des 20 plongeurs mais a très rapidement passé son chemin… Ce site est beaucoup plus tranquille en journée, il sert d’ailleurs de base de repos aux requins-corail ainsi qu’à de grandes raies marbrées. Nous y avons également croisé de grands bancs de lutjans, des poissons-flûtes, des tortues et quelques requins-marteaux en maraude.
L’île de Manuelita comprend d’autres sites de plongée : Isla Manuelita avec de grands bancs de carangues et de raies-aigles, Manuelita Channel avec toujours de nombreux requins-corail et des raies marbrées, de grosses murènes, des langoustes, Manuelita Outside avec plusieurs stations de nettoyage et où nous avons observé des requins des Galapagos, un requin-soyeux au palier et le mérou blanc endémique du Pacifique tropical oriental (Dermatolepis dermatolepis ou Leather Bass).
– Dirty Rock : ce site porte bien son nom avec un courant impressionnant rendant les prises de vues compliquées. Mais c’est l’un des sites les plus spectaculaires de Cocos, car tel un aimant, le courant attire les pélagiques à gogo. Nous avons commencé par faire une bascule-arrière dans un gigantesque banc de carangues, puis assisté au spectacle des requins-marteaux en station de nettoyage, vu passer des raies-aigles dans le bleu…
– Punta Maria : certainement l’un de mes sites préférés avec Alcyone et Small Dos Amigos. Accessible uniquement lorsque le courant le permet, ce mont sous-marin dispose d’une station de nettoyage pour les requins des Galapagos, nous avons d’ailleurs pu observer plusieurs gros individus, c’était impressionnant ! Je vous passe les grosses tortues, les requins-corails et raies marbrées, les bancs de carangues et de lutjans…
– Bajo Alcyone : les trois plongées sur ce mont sous-marin ont été magnifiques. Le site, qui figure régulièrement dans le top 10 des plus belles plongées au monde, offre un spectacle permanent : patrouille de requins-marteaux, thons jaunes chassant dans d’immenses bancs de poissons, bancs de carangues, sérioles… Mais à l’occasion d’une des sorties sur ce site, nous avons été témoins des menaces qui pèsent sur la faune sous-marine de Cocos : un bateau de pêche qui venait de pénétrer dans le parc marin – où la pêche est strictement interdite – était sur le point de récupérer ses lignes lorsque les rangers sont intervenus pour les saisir. Mais le mal était fait, et cette prise n’est qu’une petite intervention dans un océan d’infractions car les quelques rangers présents sur l’île ne font pas le poids face aux flottes de pêche et autres trafiquants d’ailerons de requins…
– Big Dos Amigos : ce site est réputé pour son immense arche allant de 20 mètres à 33 mètres, elle offre un cadre idéal pour photographier les grosses raies marbrées et les raies-aigles qui la fréquentent, entourées par de grands bancs de lutjans.
– Small Dos Amigos : le site le plus au sud de l’île est aussi l’un des plus exposés à la houle… et au courant de pleine mer qui atteint l’île pour la première fois, apportant avec lui de belles surprises comme des requins-marteaux et des thons en train de chasser dans le bleu.
– Lobster Rock : les requins-corails sont particulièrement nombreux, couchés sur le fond. C’est dans la zone sableuse à 27 mètres de profondeur que nous avons pu observer le fameux poisson chauve-souris à lèvres rouges.
Croisière plongée à Cocos en pratique
– Budget : 4500 € par personne (hors vol international – inclus les transferts de San José à Puntarenas, la croisière avec 12 nuits à bord en pension complète, 3 à 4 plongées par jour pendant 9 jours, nitrox pour les plongeurs certifiés, taxes d’entrées au parc national de Cocos – 246 €).
Le nitrox est fortement recommandé à cause de l’isolement de l’île, à plus de 30 heures de navigation du continent et 2h30 de route vers le caisson situé à San José.