Je viens de voir (et d’enregistrer ) un très beau documentaire sur deux hommes qui partagent une passion particulière pour les requins et qui voyagent de par le monde pour les filmer, le plus souvent en plongée libre (en apnée) afin de mieux les approcher (les bulles font souvent fuir les requins).
Rob Torelli, guide de plongée et plusieurs fois champion d’Australie de pêche au harpon, décide un beau jour de troquer son harpon pour une caméra. Depuis 1998, il fait équipe avec un autre passionné des squales, Mark Priest, qu’il a rencontré lors d’une pêche au harpon.
Et le résultat est surprenant ! Les deux hommes s’attachent à montrer que les requins ne sont pas, contrairement à une idée encore trop répandue (merci Spielberg !), des mangeurs d’hommes sournois (d’où le problème de la version française de ce documentaire dans lequel, au moment de présenter le grand requin blanc, on a comme commentaire : « c’est un mangeur d’hommes notoire » (je doute que ce soit une traduction bien fidèle…) : ces grands prédateurs essaient seulement de survivre dans l’océan !
Les images de grands requins blancs sont impressionnantes : les 2 hommes ont tenu à les réaliser hors de la traditionnelle cage. Pour cela, ils ont dû quitter leur terrain de « chasse » habituel (l’Australie interdit de plonger avec les grands blancs hors d’une cage) pour partir vers la Mecque du « Great white shark diving », à Gansbaai en Afrique du sud. Ils plongent avec André Hartman, un pionnier de la plongée libre avec les grands blancs.
De retour en Australie, ils partent sur la côte au large de Melbourne. L’automne est la meilleure période pour y rencontrer des requins qui viennent là pour s’y reproduire. Ils commencent par y rencontrer le requin dormeur de Port Jackson (ci-contre à gauche), qui peut se nourrir et respirer en même temps.
Et puis, soudain, un requin primitif apparaît, un requin plat nez : il est plutôt rare de le rencontrer si près des côtes, mais le requin a « senti » le cadavre d’une grande raie pastenague. 2 autres congénères le rejoignent (ces requins ont l’habitude de chasser en bande). Curieux, les requins suivent les 2 plongeurs jusqu’à la surface, les obligeant même à sortir de l’eau (ils ont percuté plusieurs fois les caméras, c’est impressionnant).
Les images suivantes ont été tournées au-delà de la grande barrière de corail, dans la mer de corail. C’est l’occasion de rencontrer un requin tigre, réputé aussi dangereux que le grand blanc. Poussée par la curiosité, cette femelle décrit des cercles de plus en plus serrés autour des plongeurs, puis tape plusieurs fois dans la caméra, qui arrive quand même a filmer l’oeil du requin qui se révulse au moment de l’attaque, pour protéger celui-ci.
Pendant ce temps, également attirés par les appâts, des petits requins dagsit ont rejoint le requin tigre. Et tout à coup, on assiste à une scène incroyable (voire inédite) : le requin tigre attaque un requin dagsit, tout petit à côté (il ne fait qu’1,50 mètre, contre plus de 3 mètres pour la femelle requin tigre). Il est très rare de voir un requin en attaquer un autre, et ces images sont vraiment impressionnantes.
Pendant une plongée de nuit (certains requins sont plus actifs après la tombée du jour), ils croisent un requin nourrice fauve, puis un requin pointe blanche.
Le lendemain, les 2 plongeurs ont l’occasion de filmer un grand requin marteau accompagné de dizaines de petits poissons pilote. Encore des images vraiment scotchantes.
Autre rencontre exceptionnelle, avec un requin longimane (ci-contre à gauche) : celui-ci vit en solitaire, en haute mer, et il est réputé agressif. C’est un prédateur opportuniste, qui mange tout ce qu’il rencontre.
Sur la Goald coast, près de Brisbane, les plongeurs croisent une raie guitare, puis un très beau requin tapis : expert en camouflage, celui-ci peut dépasser 3 mètres.
La fin du documentaire est encore plus passionnante : un phénomène rarissime est en train de se produire sur la côte ouest de l’Australie, à Turtle Bay (au nord de Perth), réputée pour ses dauphins, ses tortues et ses dauphins. De minuscules anchois nagent si serrés qu’on dirait une marée noire : par endroits, le banc mesure 15 mètres de haut, magnifique appât pour de nombreux prédateurs, parmi lesquels des requins plutôt rares, les requins-tisserands : ces squales vivent et chassent en troupe, par dizaines. Le banc d’anchois est également attaqué par un rorqual commun (baleine) et par des oiseaux en surface. Des raies manta se joignent au rassemblement, intéressées par le plancton.
Cela rappelle le « sardine run » en Afrique du sud, et là encore les images sont superbes.
Bref, un film à garder… et à regarder ! Merci à France5 pour cette diffusion.
Documentaire de 50′ écrit par Stefania Lamberti, réalisé par Peter Lamberti et Brea Bergh, et produit par Aqua Vision TV Productions. 2003.