A l’issue de mon premier voyage de plongée aux Philippines il y a 10 ans (un safari « Visayas » qui m’avait un peu déçue par le manque de vie sous-marine malgré de très beaux récifs coralliens), je m’étais promis, si je revenais un jour dans ce pays, de mettre le cap à l’ouest pour découvrir deux sites en particulier : tout d’abord les épaves de navires japonais au large de l’île de Busuanga, ensuite, plus au sud, la réserve de Tubbataha inscrite au Patrimoine mondial de l’Unesco. C’est chose faite, et je ne regrette vraiment pas d’être revenue aux Philippines ! Ce premier article est consacré à la première semaine de ce voyage : notre séjour sur l’île de Sangat et les plongées sur les épaves japonaises coulées par l’aviation américaine en 1944.

Sangat Island Dive Resort

Arrivée au Sangat Island Dive Resort, à une heure environ de Coron en banka.

De France au Sangat Island Dive Resort : un long voyage… vite oublié !

Ma première semaine de plongée aux Philippines confirme que les eaux de la mer de Chine recèlent de merveilleuses surprises sous-marines… et terrestres ! Certes, le voyage est long (vol international Paris-Dubaï-Manille avec Emirates – il existe aussi des vols directs -, puis une nuit à Manille avant de reprendre l’avion pour Busuanga, faire 1 heure de minibus sur les routes locales jusqu’au port de Coron puis prendre une banka – le bateau traditionnel philippin – pour rejoindre l’île de Sangat sur laquelle se trouve l’hôtel). Mais cela vaut vraiment le coup !
Le Sangat Island Dive Resort, est un petit paradis avec ses bungalows alignés sous des palmiers le long d’une plage de sable blanc. Il est idéalement placé pour plonger sur les principales épaves coulées il y a plus de 70 ans (entre 5 min et 40 min max de navigation), alors que les hôtels de Coron sont situés à 1h30 minimum de navigation. Le centre de plongée intégré permet également de plonger dans un lac d’eau chaude (Barracuda Lake) et sur des récifs colorés et habités par des milliers de poissons.Budget vols : à partir de 780 € A/R pour le vol international Bordeaux-Manille (avec Air France / KLM), à partir de 86 € A/R pour le vol domestique Manille – Busuanga sur Cebu Pacific Air (en ATR 72).

Bus Manille Philippines

L’un des bus typiques de Manille.

Ambiance rue Manille Philippines

Ambiance dans les rues de Manille.

Rue Manille Philippines

Petites boutiques dans une rue de la capitale des Philippines.

Chat Manille Philippines

Je ne suis pas certaine que ce sac en plastique puisse servir de nourriture à ce chat…

Avion Philippines

L’avion avec lequel nous avons fait le vol Manille-Busuanga.

Banka transfert Coron Philippines

La banka que nous avons prise pour le transfert entre Coron et l’hôtel.

Le Sangat Island Dive Resort : simple, mais plein de charmeInstallé sur une très belle plage de sable blanc avec des palmiers, le Sangat Island Dive Resort est l’unique hôtel de cette île sauvage habitée par des oiseaux et des singes essentiellement. Son propriétaire, un Anglais, y a fait construire une quinzaine de bungalows typiques (en bois, sur pilotis) qui se répartissent le long de la plage dans le jardin arboré, et le vent passant par les fenêtres sert de climatisation naturelle. Un bâtiment central accueille le restaurant (les repas, variés et goûteux, sont servis sous forme de buffet – l’eau chaude pour le thé et le café sont à volonté toute la journée), le bar et un salon avec un billard. Il suffit de faire quelques pas pour rejoindre le club de plongée, bien équipé (plongées à l’air mais également au nitrox – 400 php, soit 8 € supplémentaire par plongée – et pour ceux qui préfèrent voyager léger, il dispose de 15 équipements complets de plongée à louer).
Budget hébergement : à partir de 104 $/nuit/personne en pension complète (et transferts depuis l’aéroport de Busuanga). Plongée : 1900 php la plongée à l’unité (soit 40 euros).

Banka Sangat Island Dive Resort

Les bankas sur la plage du Sangat Island Dive Resort.

Bungalow Sangat Island Dive Resort

Notre bungalow au Sangat Island Dive Resort.

Chambre bungalow Sangat Island Dive Resort

Le Sangat Island Dive Resort est simple mais très confortable.

Le départ en bateau depuis la plage du Sangat Island Dive Resort.

Le départ en bateau depuis la plage du Sangat Island Dive Resort.

Les épaves japonaises de la baie de CoronC’est le 24 septembre 1944 qu’une centaine de chasseurs-bombardiers américains attaquent la flotte japonaise abritée dans la baie de Coron. Ils profitent de l’aube et du fait que les navires visés – pour la plupart des bâtiments en charge de l’approvisionnement et du transport de matériel – ne sont pas défendus et qu’ils sont au mouillage. En très peu de temps, la quasi-totalité des bateaux présents sont envoyés par le fond. Heureusement pour nous les plongeurs, le fond dans cette baie est facilement accessible en plongée à l’air, ainsi qu’au Nitrox pour la majorité des épaves (de 15 à 45 mètres de profondeur en moyenne).
Plus de 70 ans après ce raid éclair, les épaves sont particulièrement bien conservées (on peut pénétrer dans la majorité), et bien colonisées par les poissons et les coraux. Et surtout, elles sont exceptionnelles par leur taille, souvent plus de 150 mètres de long pour 15 mètres de large : dans l’idéal, on pourrait faire un minimum de 2 plongées par épave pour en faire le tour.
Carte sites plongée Coron Philippines

La carte des épaves de Busuanga aux Philippines.

Les plongées sur les épaves de BusuangaC’est la veille au soir que l’un des trois divemasters du centre de plongée informe les plongeurs des sites de plongées programmés pour le lendemain (il y a 3 sorties chaque jour : une sur épave à 9 heures après le petit déjeuner servi à 7h30, la seconde sur un récif à 11 heures et la troisième sur épave à 14 heures après le lunch de 13 heures – des plongées de nuit sont également possibles, mais je n’en ai pas fait). Le guide se préoccupe également des plongeurs photographes en leur décrivant les sites, ce qui permet de choisir entre un objectif macro ou grand angle : la vie est si riche sur chaque épave qu’il est possible de choisir les 2 modes selon l’humeur du jour ou la configuration de l’épave. Seule inconnue : la visibilité, souvent moyenne, mais qui peut changer d’un jour sur l’autre (c’est le seul bémol de ces plongées, on n’est pas en Mer Rouge). Juste avant la plongée, le guide utilise un plan de l’épave pour son breafing : on peut ainsi voir sa situation sur le fond (droite ou couchée sur l’un des bords) avant de se met à l’eau avec une bascule arrière et de descendre grâce à l’un des bouts reliés à l’épave.

– L’Olympia Maru (maru = cargo) – 30 mètres de profondeur : il ne faut que 5 minutes en speed-boat pour rejoindre l’épave la plus proche du Sangat Island Dive Resort, un cargo de 120 mètres de long qui repose droit au fond. Une vie très riche s’est installée sur cette épave comme sur toutes celles de Coron : bancs de fusiliers, de carangues, de platax à longues nageoires…


– Le Morazan – 24 m : ce cargo de 140 mètres de long échoué sur le côté tribord. Le dessus de l’épave est recouvert de coraux durs et fréquenté par de nombreuses rascasses volantes.

– L’Irako – 38 m : cet immense navire-frigo (il fait quasiment 200 mètres de long) abrite notamment des poissons fantôme (ghost pipefishes).

– Le Kogyo Maru – 30 m : certainement l’épave la plus colorée, que ce soit avec les multiples coraux qui l’habillent ou avec les bancs de milliers de poissons. Avec ses 180 mètres de long, il occupe largement une plongée : à l’intérieur, on peut encore voir des matériaux de construction, une bétonnière et même un bulldozer !

Lion Fish Kogyo Maru Coron Philippines

Lion Fish sur l’épave du Kogyo Maru.

Proue Kogyo Maru Coron Philippines

Plongeurs sur la proue du Kogyo Maru.

Poisson-scorpion épave Kogyo Maru Coron Philippines

Poisson-scorpion sur l’épave du Kogyo Maru.

Platax à longues nageoires Coron Philippines

Platax à longues nageoires le long de la coque du Kogyo Maru.

Sur le pont du Kogyo Maru Coron Philippines

Le Kogyo Maru est superbe, avec une vie intense qui s’est installée partout où cela a été possible.

– L’Okikawa Maru – 24 m : sur ce pétrolier de 180 mètres de long entièrement recouvert de magnifiques coraux, il est possible d’observer de nombreux nudibranches, ainsi que les traditionnelles rascasse volantes (lionfish) et autres platax.

ambiance épave Okikawa Maru

Ambiance sur l’épave de l’Okikawa Maru.

Epave Okikawa Maru

Banc de poissons sur l’épave de l’Okikawa Maru, un pétrolier de 180 mètres de long !

Pont épave Okikawa Maru Coron Philippines

Sur le pont de l’Okikawa Maru.

– l’Akitsushima : c’est le seul navire de guerre parmi les épaves de Coron accessible en plongée. L’originalité est qu’il s’agit d’un porte-hydravion (140 mètres de long, échoué sur son côté tribord), il n’y a donc pas de piste comme pour un porte-avion, mais d’immenses grues qui soulevaient les hydravions et les déposaient sur l’eau pour qu’ils s’envolent. Ces grues sont toujours visibles, sauf qu’au lieu de porter des hydravions, elles supportent d’immenses gorgones et abritent de nombreux poissons, comme des platax. Il faut à tout prix pénétrer à l’intérieur des cales, immenses et remplies de milliers de glassfish. Le dessus de la coque est le royaume des poissons-rasoirs (Aeoliscus strigatus) et des carangues.

 

Poissons-clown et anémone Okikawa Maru Coron Philippines

Poissons-clown dans leur anémone sur le pont de l’Okikawa Maru.

Poissons-rasoirs Coron Philippines

Les poissons-rasoirs ont pris possession de l’Akitsushima.

Poissons-rasoirs sur le pont de l'Akitsushima Coron Philippines

Les poissons-rasoirs (Aeoliscus strigatus) sur le pont de l’Akitsushima, une épave de 140 mètres de long.

Plongée sur le récif de Lusong

Certes, Lusong Reef (17 m) est bien un récif, mais il y a également une épave très colorée car peu profonde (le Lusong Gunboat est échoué à 12 mètres de profondeur max, le haut de l’épave est visible à la surface par marée basse). C’est le royaume du petit : multiples poissons-clowns, syngnathe, poisson-crocodile, ainsi que des poissons que je n’avais jamais vu auparavant : des diagramme arlequin juvéniles (qui arborent une livrée de camouflage et un comportement totalement différent de celui des adultes) et un jawfish juvénile. Quant aux nudibranches, on a fini par ne plus les compter.

Plongée Busuanga Philippines

Gobie à deux ocelles.

Diagramme arlequin Coron Philippines

Juvénile de diagramme arlequin (Plectorhinchus chaetodonoides).

Au palier plongée Coron Philippines

Rencontre amusante au palier.

Poisson-crocodile Coron Philippines

Poisson-crocodile.

Syngnathe Coron Philippines

Syngnathe.

Poissons-clowns Coron Philippines

Poissons-clowns.

Plongée dans Barracuda Lake

Impossible de venir à Busuanga sans mettre les palmes dans l’un des lacs d’eau chaude situés sur l’île de Coron Island (40 minutes de bateau depuis l’hôtel). Après avoir rêvé devant le reportage de Francis Le Guen tourné en 2005 pour l’émission Carnets de plongée, c’est un moment plein d’émotions qui précède l’arrivée au lac : des escaliers en bois ont été installés depuis le tournage pour faciliter la montée depuis la mer (une vingtaine de mètres) puis la redescente vers le lac Barracuda au milieu de roches coupantes, le tout chargé de son matériel de plongée (on imagine la difficulté il y a une dizaine d’année avant l’installation de cet escalier).

La plongée est vraiment spéciale : dans une eau transparente (sauf lorsqu’on passe de l’eau douce à l’eau salée, où le mélange crée une zone trouble), on descend progressivement pour arriver dans un véritable bain à 38°C !!! Hors de question d’enfiler une combinaison de plongée tellement il fait chaud, on plonge obligatoirement en maillot de bain. Le paysage est extraordinaire, avec des tombants vertigineux et une vie intense que l’on ne soupçonne pas de prime abord. Il y a notamment de nombreuses crevettes, et j’ai eu droit à une manucure sous-marine (il suffit de tendre la main pour qu’une crevette vienne vous grignoter le bout des ongles).

Banka plongée Barracuda lake

Arrivée au Barracuda Lake sur l’île de Coron.

Passerelle Barracuda lake

Un cheminement en bois a été installé pour permettre aux plongeurs de rejoindre le lac à pied tout équipés.

Plongée Barracuda lake Coron

Les eaux translucides du lac d’eau chaude.

Plongée Barracuda lake

Plonger dans une eau à 38°C est une expérience incroyable.

Plongeurs Barracuda Lake

Contrairement à ce que peut laisser penser le nom du lac, il n’y a aucun barracuda à voir dans ces eaux translucides.

Suite du voyage aux Philippines dans un prochain article : plongées dans la réserve marine de Tubbataha, inscrite au patrimoine mondiale de l’Unesco.